Depuis plus d’un an, je voyage en Australie, un pays-continent qui abrite l’une des cultures les plus anciennes du monde. Les peuples premiers d’Australie parcourent cette terre depuis plus de 40 000 ans et possèdent une richesse culturelle immense. Avec plus de 250 tribus distinctes et autant de langues, leur organisation sociale et leurs traditions sont fascinantes.
Pourtant, au premier abord, comprendre ce peuple et ses pratiques peut être difficile. Leur présence et leur histoire sont souvent peu mises en avant dans le pays. Curieuse de nature, j’ai voulu en savoir plus, en me disant que quitter l’Australie sans avoir mieux compris ce peuple serait passer à côté d’une partie essentielle de mon voyage.
Au fil de mes découvertes, je n’ai pas pu m’empêcher de faire des parallèles entre leur mode de collaboration et ce que je pratique au quotidien dans l’intelligence collective et l’entreprise libérée. Voici ce que leur culture peut nous enseigner sur la manière de mieux travailler ensemble.
1. Une organisation sociale fondée sur la reconnaissance de l’unicité
Dans les sociétés aborigènes, chaque individu a un rôle bien défini au sein du groupe. Ce rôle ne repose pas sur un statut hiérarchique, mais sur les talents et les responsabilités de chacun. Chaque membre est vu comme un gardien du collectif, avec une contribution unique à apporter.
En entreprise : valoriser les singularités
Dans une organisation libérée, la force d’une équipe repose également sur la reconnaissance des talents et des singularités de chacun. Trop souvent, les entreprises enferment les collaborateurs dans des cases prédéfinies. Or, c’est en permettant à chacun de révéler ses forces et de les mettre au service du groupe que la synergie collective se crée.
👉 Comment l’appliquer ?
- Instaurer des rituels d’équipe comme la roue des valeurs où chacun partage ce qui l’anime et ses motivations profondes.
- Encourager des moments de partage informels pour que chacun puisse s’exprimer sur son rôle et ce qu’il souhaite apporter à l’équipe.
2. Une prise de décision collective orientée par le sens
Les Aborigènes ne prennent pas de décisions sous une autorité centralisée. Les discussions sont longues, basées sur l’écoute et la recherche du consensus, et ce n’est pas un leader qui impose une vision, mais le sens qui guide les choix.
Le Temps du Rêve, concept spirituel fondamental, est souvent utilisé comme un repère pour se reconnecter à ce qui est juste pour le collectif. Les récits mythologiques et les enseignements transmis oralement rappellent à chacun les principes fondamentaux sur lesquels reposent les décisions.
En entreprise : aligner les décisions sur une raison d’être commune
Dans une entreprise libérée, le sens est la boussole qui guide la prise de décision collective. Lorsqu’un groupe sait pourquoi il agit, il devient plus autonome et évite les décisions arbitraires. Mais ce sens doit être régulièrement revisité et co-construit pour éviter qu’il ne devienne un simple slogan.
👉 Comment l’appliquer ?
- Organiser des ateliers de définition du sens, où les collaborateurs peuvent exprimer ce que signifie la mission de l’entreprise pour eux.
- Mettre en place des points réguliers pour s’assurer que les décisions prises sont bien alignées avec cette raison d’être commune.
3. Une gestion des conflits basée sur le dialogue et la mémoire collective
Lorsqu’un conflit éclate dans une tribu aborigène, la réponse n’est pas l’exclusion, mais le dialogue. Le cercle de parole est un outil central pour libérer les tensions et éviter qu’un conflit ne dégénère en division durable.
Ces cercles permettent à chaque personne impliquée d’exprimer son ressenti sans interruption et s’inscrivent dans une approche collective où l’on cherche à restaurer l’harmonie plutôt qu’à désigner un coupable.
En entreprise : favoriser l’écoute et la régulation collective
Dans une organisation où l’autorité est répartie, les tensions et désaccords ne disparaissent pas. Mais c’est la manière dont ils sont gérés qui change tout. Si l’on n’a pas d’espace pour les exprimer, ils s’accumulent et finissent par exploser.
👉 Comment l’appliquer ?
- Mettre en place des cercles de régulation, où chacun peut exprimer ce qu’il ressent dans un cadre sécurisé.
- Encadrer ces cercles avec des règles de communication bienveillante, pour éviter que les échanges ne deviennent des confrontations stériles.
4. Un rapport aux ressources basé sur l’équilibre et la durabilité
Dans la culture aborigène, on ne possède pas la terre, on en est le gardien. Les ressources ne sont jamais surexploitées, car leur préservation garantit la survie du groupe à long terme. Chaque décision est prise en fonction de son impact sur les générations futures.
En entreprise : respecter les cycles de créativité et de repos
Aujourd’hui, l’une des ressources les plus surexploitées dans le monde du travail, c’est l’énergie humaine. L’épuisement professionnel est devenu un problème majeur, car on oublie que la performance repose sur un équilibre entre action et récupération.
👉 Comment l’appliquer ?
- Instaurer des bulles créatives, des moments où les équipes peuvent explorer des idées sans pression immédiate de résultat.
- Alterner phases d’intensité et phases de récupération, en évitant la surcharge continue.
Conclusion – Une sagesse ancestrale au service des organisations de demain
Les Aborigènes d’Australie nous rappellent que collaborer, ce n’est pas seulement organiser un travail en commun, c’est entretenir un lien profond avec les autres et avec notre environnement.
Dans une entreprise libérée, les mêmes principes peuvent être appliqués :
✅ Valoriser l’unicité de chacun
✅ Aligner les décisions sur un sens partagé
✅ Encourager le dialogue et la régulation collective
✅ Respecter les cycles naturels de l’énergie et de la créativité
Ces pratiques, bien que souvent mises de côté dans le monde du travail traditionnel, sont pourtant essentielles pour bâtir des organisations résilientes et alignées sur des valeurs profondes.
👉 Et vous, quelles pratiques aborigènes vous inspirent le plus pour votre organisation ? Partagez vos réflexions en commentaire !